Tout ce que je sais sur l'acné et l'alimentation
15 octobre 2021
L’acné est loin d’être une condition rare : elle concerne environ 90 % des adolescents et 20 à 30 % des adultes de 20 à 40 ans (1). Les femmes représentent 75 % des cas d’acné chez les adultes (1).
😣 « C’est le chocolat qui donne de l’acné » ;
😢 « Moi je ne mange plus de produits laitiers, ça me donne des boutons » ;
🤔 « Il parait que c’est la faute du sucre ».
On est rapide sur la gâchette quand vient le temps d’accuser l’alimentation pour tous les bobos que nous avons au visage (ou ailleurs), mais qu’en est-il vraiment pour l’acné ? Est-ce qu’il y a un lien ? Il semblerait que oui, mais peut-être pas de la façon que vous pensez.
Dans cet article, je vous présente :
- Les causes de l’acné
- Les aliments au banc des accusés (chocolat, produits laitiers et sucre)
Les causes de l’acné
En dermatologie, il est accepté qu’un des facteurs clés dans le processus qui cause l’acné est la production excessive de sébum par les glandes sébacées. Cet excès de sébum obstrue le pore de la peau et cause un bouton. Un autre facteur clé est l’inflammation induite par différents éléments déclencheurs tels que le stress, les hormones, l’excès de sébum dont on parlait, etc.
Bien que l’hérédité et les hormones (allo la puberté ! 🙋♀️) jouent un rôle important dans l’acné, les scientifiques s’intéressent depuis longtemps aux autres facteurs qui pourraient aggraver une acné déjà existante ou la déclencher.
D’abord, des études épidémiologiques pointent du doigt le fait que certaines populations, n’ayant historiquement pas d’acné, développent de l’acné une fois qu’elles adoptent un régime alimentaire occidental. C’est le cas des Inuits du Canada ou encore des Okinawaiens japonais, pour ne nommer que ces exemples.
📒 Définition: études épidémiologiques (dans le contexte de l’acné)
Étude de la fréquence et de la répartition des cas d’acné de populations spécifiques
Le problème avec ce type de données, c’est qu’avec les résultats en main, on se demande encore si c’est vraiment le régime alimentaire qui cause l’acné ou si c’est un ou plusieurs facteurs qui co-habitent avec l’adoption du régime alimentaire (ex. stress, sommeil, pollution, etc.).
Ensuite, certaines catégories d’aliments sont étudiées afin de comprendre s’ils ont un lien quelconque avec l’aggravation ou le développement de l’acné. Regardons de plus près les aliments qui se trouvent au banc des accusés.
Les aliments gras et le chocolat
L’hypothèse entourant le lien potentiel entre l’acné et les aliments gras, dont le chocolat, est que ces aliments pourraient augmenter la sécrétion du sébum comédogénique, c’est-à-dire qui bouche les pores de la peau. Ce serait le résultat d’une augmentation des lipides sanguins ou de la production d’un sébum plus épais.
Il s’avère que peu d’études de qualité existent sur le sujet et qu’il n’y a pas vraiment de liens pour l’instant entre les aliments gras, dont le chocolat, et l’acné.
Pour vous dire, l’Association canadienne de dermatologie classe l’énoncé « Les aliments gras empirent l’acné » dans sa section « Mythes au sujet de l’acné » … WHAT A GREAT NEWS ! 🍫
Les produits laitiers
Plusieurs études observationnelles ont démontré une association entre l’acné et le lait, plus particulièrement le lait écrémé. Ces associations semblent tomber lorsqu’il s’agit du yogourt ou du fromage.
Un des mécanismes proposés pour expliquer l’association entre le lait et l’acné est le rôle des hormones dans l’acné. En effet, puisque le lait est formulé pour la croissance des veaux, il contient naturellement des hormones essentielles à leur développement. Comme on l’a vu plus tôt, les hormones peuvent avoir un impact sur l’acné.
Un autre mécanisme proposé concerne la teneur en glucides des produits laitiers, qui auraient des impacts sur le processus qui cause l’acné via leur influence sur l’insuline et l’IGF-1 (hormones).
🔍 Rôles de l’insuline et de l’IGF-1 dans notre corps
Insuline: hormone qui régule la glycémie (taux de sucre sous forme de glucose dans le sang)
IGF-1: hormone nécessaire à la croissance et au métabolisme
Pour l’instant, le mécanisme derrière l’association entre le lait et l’acné n’est donc pas clair.
Il faut toutefois retenir que le lien entre le lait et l’acné est faible. On ne peut, en aucun cas, dire que les produits laitiers causent l’acné. Pour l’instant, la communauté scientifique, dont l’Association canadienne de dermatologie, semble s’entendre qu’éliminer les produits laitiers de l’alimentation peut diminuer les symptômes chez certaines personnes.
Mon point de vue de nutritionniste : trouvez ce qui vous fait sentir le MIEUX
En tant que nutritionniste, je n’aime pas beaucoup l’idée de vous recommander d’emblée d’éliminer certains groupes d’aliments. En effet, ça diminue la variété dans votre alimentation et, chez certaines personnes, pourrait affecter négativement votre relation avec la nourriture. En aucun cas, je ne voudrais que ce que vous mangez devienne une source de stress dans votre vie !
Cela étant dit, je sais bien que, selon vos préoccupations et vos valeurs, éliminer un groupe d’aliment ou en manger beaucoup moins peut être un choix qui vous convient. Et je respecte cela à 100%.
Pourquoi ne pas faire un test pour voir si vous êtes sensibles aux produits laitiers, en particulier le lait ? Évitez de manger ces aliments quelques semaines pour voir si vous voyez une différence.
Aucune différence ? Eh bien ça ne sert à rien de les éliminer ! 🤠
Vous voyez une différence ? Évaluez à quel point il est important pour vous de diminuer votre acné versus manger ces aliments, que vous aimez peut-être à différents degrés. Pour certaines personnes, ce ne sera pas un sacrifice du tout, pour d’autres, ce sera très difficile. À vous de voir ce qui vous fait sentir le mieux. Une consultation avec une nutritionniste pourrait certainement vous aider à y voir plus clair et à adapter votre alimentation à vos différents besoins (physiques, émotionnelles, etc.)
Les aliments sucrés
Ah le maudit sucre ! Il est la raison de tous nos problèmes !
JOKES.
Dans les faits, plusieurs études mesurent la charge glycémique de l’alimentation en relation avec l’acné. Cet indicateur indique l’impact qu’un aliment, une fois digéré, aura sur la glycémie. Il prend en compte deux éléments :
- La rapidité avec laquelle les glucides (sucres composés) d’un aliment se retrouvent sous forme de glucose (sucre simple) dans le sang, alias l’indice glycémique.
- La quantité de glucides contenus dans ledit aliment.
Définition: glycémie
Taux de glucose (sucre simple) dans le sang
Donc quel serait le lien avec ça et l’acné ? Plusieurs essais cliniques, dont deux essais randomisés contrôlés* (2) (3), ont démontré une amélioration de l’acné (ex. diminution de la quantité et de la sévérité des lésions) en adoptant une alimentation à faible charge glycémique.
* Un type d’étude qu’on pourrait qualifier de « référence » quand il s’agit de tester une intervention clinique sur les humains
Le mécanisme derrière cette association ? Une diminution de la charge glycémique aurait un impact hormonal, entre autres en diminuant l’activité d’une hormone dont on parlait tout à l’heure, l’IGF-1, qui entre dans la pathogenèse de l’acné et dont l’augmentation favorise donc l’acné.
Malgré tout, cette association est encore considérée comme faible dans la littérature scientifique puisqu’il n’y a pas assez de données convaincantes pour la supporter. Tout comme pour les produits laitiers, la communauté scientifique semble s’entendre qu’une alimentation à faible charge glycémique peut diminuer les symptômes chez certaines personnes.
LA QUESTION QUI TUE : C’est quoi une alimentation à faible charge glycémique ?
C’est une alimentation qui mène à une douce augmentation de la glycémie.
Concrètement, c’est une alimentation qui est tout à fait compatible avec les recommandations actuelles, soient :
- Favoriser les grains entiers (avoine, pain intégral, etc.) au lieu des grains raffinés (ex. pain blanc, riz blanc, etc.)
- Faire le plein d’aliments peu ou minimalement transformés : fruits, légumes, noix, légumineuses, etc.
- Manger moins souvent des aliments ultra transformés riches en glucides raffinés : boissons sucrées, confiseries, céréales à déjeuner, chips, etc.
Il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas d’éliminer les glucides, mais bien de choisir ceux qui sont moins raffinés le plus souvent possible. Encore une fois, bénéficier des services d’une nutritionniste pourrait vous aider à ajuster votre alimentation à vos besoins et à vos préoccupations.
En résumé
L’alimentation est un potentiel facteur contributif de l’acné. Ainsi, certains changements alimentaires peuvent aider certaines personnes à réduire leurs symptômes, tels que l’élimination des produits laitiers, en particulier le lait écrémé, et l’adoption d’une alimentation à faible charge glycémique.
Cela étant dit, d’autres éléments déclencheurs pourraient être la cause de votre acné. Consultez votre médecin ou votre dermatologue pour avoir un suivi personnalisé.
Amélie ♥
Nutritionniste Dt.P. M.Sc.
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(1) Association canadienne de dermatologie (ND). Acné. Repéré le 1er octobre 2021 à https://dermatology.ca/fr/patients-et-grand-public/peau/acne/
(2) Kwon, H. H., Yoon, J. Y., Hong, J. S., Jung, J., Park, M. S., & Suh, D. H. (2012). Clinical and histological effect of a low glycaemic load diet in treatment of acne vulgaris in Korean patients: a randomized, controlled trial. Acta dermato-venereologica, 92(3), 241-246.
(3) Smith, R. N., Mann, N. J., Braue, A., Mäkeläinen, H., & Varigos, G. A. (2007). The effect of a high-protein, low glycemic–load diet versus a conventional, high glycemic–load diet on biochemical parameters associated with acne vulgaris: A randomized, investigator-masked, controlled trial. Journal of the American Academy of Dermatology, 57(2), 247-256.
Davidovici, B. B., & Wolf, R. (2010). The role of diet in acne: facts and controversies. Clinics in dermatology, 28(1), 12-16.
Katta, R., & Desai, S. P. (2014). Diet and dermatology: the role of dietary intervention in skin disease. The Journal of clinical and aesthetic dermatology, 7(7), 46.
Zaenglein, A. L., Pathy, A. L., Schlosser, B. J., Alikhan, A., Baldwin, H. E., Berson, D. S., … & Bhushan, R. (2016). Guidelines of care for the management of acne vulgaris. Journal of the American Academy of Dermatology, 74(5), 945-973.
Tablette de chocolat: Alexander Stein de Pixabay
Petit minou dans une tasse: Haidi2002 de Pixabay
Cupcake: GLady de Pixabay (à noter que la photo originale a été modifiée par l’ajout de la bulle)